LES MUSICALES ET LES RENDEZ-VOUS DE LA DANSE à l’Institut du Monde Arabe
Du 05 octobre 2013 au 24 mai 2014
PROGRAMMATION DE LA SAISON 2013-2014
La saison musicale 2013-2014 se décompose en trois temps, trois thèmes ; une trilogie qui se décline en une trentaine de concerts, tout au long de notre nouvelle année culturelle.
Un « métissage musical »
C’est une expression qui s’est imposée depuis une trentaine d’années avec l’apparition d’une autre appellation, « musiques du monde », bien au-delà des milieux spécialisés. Au point de devenir un enjeu important pour les musiques du monde arabe, bouleversées depuis plus de trois décennies par un métissage irrésistible, par une mondialisation inéluctable. Mais il faut rappeler que la globalisation n’est pas un phénomène récent et que les mélodies et les rythmes circulent entre les continents depuis fort longtemps. Nombreux sont les exemples qui montrent que les formes artistiques ont toujours voyagé depuis leur foyer initial pour fusionner avec des styles d’autres aires géographiques et culturelles jusqu’à constituer de grands espaces musicaux relativement homogènes, à l’exemple de ceux de la civilisation arabo-islamique.
Cependant, ce qui se joue aujourd’hui est d’une autre nature. L’industrialisation de la musique et sa large diffusion par le biais des nouvelles technologies, sa commercialisation planétaire et les migrations intenses des hommes peuvent contribuer à l’anéantissement de certains répertoires musicaux traditionnels. Mais nous constatons actuellement que toutes les musiques qui se mélangent aujourd’hui gardent leur singularité et finalement survivent au sein d’un véritable creuset culturel devenu un symbole formidable de partage et d’enrichissement.
Musiques ancestrales et musiques modernes
Dans ce premier programme de notre trilogie, les musiciens fusionnent leurs arts de trois manières : le métissage de musiques de cultures différentes, le croisement des mélodies d’époques distinctes et, enfin, le mélange inventif de styles divers. Ces fusions peuvent d’ailleurs se recouper. Nombre d’artistes arabes ont opté pour le dialogue de leurs musiques ancestrales avec le jazz, le flamenco, le rock, la pop et autres genres savants ou populaires indiens, européens, africains, sud-américains, etc., pour faire entendre une sonorité musicale féconde et créer des moments et des espaces propices aux échanges culturels. Luth arabe, guitare espagnole, percussions indiennes ou iraniennes, violon indien, conservent ainsi leurs particularités dans la fusion et inventent en même temps un rythme identique, une mélodie commune.
Retour aux sources du tarab arabe
Ce concept difficile à traduire n’est pas un genre musical en soi, mais un élément de l’interaction musicale se rapportant à son interprétation. Le tarab désigne à la fois l’émotion poétique et musicale, plaisir et ravissement, bien-être et parfois extase, autant de sentiments éprouvés de concert, si l’on ose dire, par les artistes et leur auditoire. Cette notion se retrouve relativement dans de nombreux autres styles de musique que la musique savante arabe sous des noms différents : le duende en flamenco, le swing propre au jazz, le groove dans le funk ou la soul music, etc. Ce thème du tarab est illustré par la nouba maghrébine présentée dans toutes ses variantes, et par les mouwachchahat syriennes et égyptiennes. D’Alep et du Caire, de Tétouan et de Tlemcen, de Tunis et de Tanger, la musique classique arabe, fondée sur les maqâm, suscite le tarab, ce moment de grâce où le chant et l’exécution instrumentale s’envolent sous l’effet d’une exaltation magique qui saisit les musiciens.
Musiques sacrées et soufies
Enfin, ce programme s’achève par un ensemble de concerts dédiés aux musiques sacrées et soufies. C’est un contrepoint à l’exposition « le Hajj », organisée par l’IMA pendant la nouvelle saison culturelle. La musique sacrée se déploie par tout un ensemble de configurations musicales : la remémoration (dhikr) à la transe (hadra ou wajd), de nombreuses danses et toute une série de formes vocales et mélodiques ont été créées en vue de contribuer à la quête de Dieu. Chaque culture, chaque confrérie, zaouïa, cultive un riche répertoire de poésies et de musiques liturgiques. Ce sont quelques-unes de ces formes que l’IMA présente à son public, notamment avec les derviches de Damas et leur munshid, leur hymnode, le cheikh Daoud, le ghazal ou l’amour divin avec le cheikh Hafez Saïd d’Égypte, les chants qadiris de la confrérie Madiria dirigée par Papa Djimbira Sow de Dakar. La liturgie chrétienne d’Orient est présente avec les chants sacrés coptes interprétés par les chantres du monastère Deir el-Moharraq et de l’Institut d’Études coptes du Caire.
Les Musicales 2013-2014 invitent donc trente-trois groupes, dont certains ne se sont encore jamais produits en France, voire en Europe. Qu’ils interprètent une tradition séculaire ou qu’ils présentent des créations contemporaines, tous ces artistes expriment sur la scène de l’IMA, non seulement leur virtuosité technique et leur richesse culturelle, mais surtout une diversité insoupçonnable de musiques que vivent les peuples du monde arabe et africain, qu’ils soient musulmans ou chrétiens, d’ici ou de là-bas.
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