Le musée d’art moderne de Céret rend hommage à l’artiste catalan Antoni Tàpies, dont le nom est indéfectiblement lié à la collection et à l’identité du musée.
L’exposition Antoni Tàpies. Image, Corps, Pathos présente 43 peintures et sculptures réalisées par l’artiste entre 1945 et 2008.
Articulée autour d’une thématique essentielle à la compréhension de la démarche de l’artiste, celle de la matière, du corps de l’oeuvre, elle est aussi la rétrospective de cinquante années de recherche et de création.
Un autoportrait de facture classique réalisé en 1945, au sortir de la guerre, ouvre le parcours de l’exposition qui s’achève sur une Tête rouge peinte en 2008, à l’expressionnisme exacerbé.
Entre les deux se déploie le travail de l’artiste au fil de cinq décennies : tableaux/objets composés des matériaux les plus inattendus, papier, textile, fil de fer ; surfaces gravées, incisées, gardant l’empreinte des corps sous la toile de leurs vêtements ; Têtes et Nus dessinés dans les coulures d’un vernis couleur miel.
Le corps est le fil conducteur de l’exposition.
Lieu par excellence de la rencontre entre la matière et l’esprit, il est aussi une source d’inspiration universelle et intemporelle.
Le tableau lui-même, dans sa matérialité, s’apparente à un autre corps, sorte d’alter ego de l’artiste, fétiche sur lequel il projette ses émotions et ses intentions.
Au travers des matériaux choisis pour leur humilité, leur symbolisme, leur pouvoir de suggestion, transparaît la dimension philosophique et spirituelle du travail de l’artiste, inspiré par le bouddhisme et les philosophies orientales.
Antoni Tàpies, né à Barcelone en 1923, disparu le 6 février 2012, fut l’un des plus fervents défenseurs de la culture catalane, tout en s’affirmant dans son langage et ses intentions comme l’un des plus universels et des plus grands créateurs du XXe siècle.
Sa carrière de peintre débute pendant la Seconde Guerre mondiale et l’avènement du franquisme.
En révolte contre l’art officiel, les atrocités de la guerre et la civilisation occidentale belliqueuse, mercantile et pressée, l’artiste se tourne vers les philosophies orientales, les arts primitifs et s’engage progressivement dans un mode d’expression très personnel, caractérisé par l’emploi de matériaux bruts, une gamme de couleur restreinte et l’utilisation de nombreux signes et symboles.
L’œuvre, dont la puissance évocatrice et presque magique s’apparente à celle d’un talisman ou d’une icône, est conçue comme « un simple support de la méditation, un artifice servant à fixer l’attention, à stabiliser ou à exciter l’esprit ».
Le peintre acquiert rapidement une reconnaissance internationale de son travail et de nombreuses expositions sont organisées dans les plus grands musées du monde.
Antoni Tàpies obtient les prix les plus prestigieux et sa notoriété égale bientôt celle de Miró, le maître catalan tant admiré.
Collectionneur, grand lecteur de philosophie orientale, Antoni Tàpies est également un théoricien, auteur de plusieurs écrits exposant sa vision des arts, perçus comme « les derniers réduits où l’homme d’aujourd’hui peut trouver la liberté de s’interroger sur la société, et de l’ébranler ».
En 1984, il crée à Barcelone la Fondation Antoni Tàpies, vouée à la promotion et à la connaissance de l’art contemporain.
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